Comment j'ai déménagé 3 fois en une semaine...

C'était il y a longtemps. C'était la première semaine. Comme elle me parait loin, maintenant. Mais commençons le récit par son déb...

C'était il y a longtemps. C'était la première semaine. Comme elle me parait loin, maintenant. Mais commençons le récit par son début, si vous le voulez bien...



En direction de mon premier dortoir


Quand on arrive dans une nouvelle ville, au commencement d'une nouvelle vie, le plus important, ce n'est pas l'extérieur. Pour moi en tout cas, ça ne l'était pas. Si j'aimais la ville ou pas, je me disais que je m'y ferai, quoi qu'il en soit. Mais je voulais me sentir bien Chez moi, à l'intérieur, dans ma chambre.

Le premier soir, le 22 septembre 2015, je me suis dépêchée de déballer toutes mes affaires, malgré l'heure tardive. Je voulais personnaliser le lieu au plus vite, pour m'y sentir mieux, moins mal en tout cas. C'était idiot, parce que je savais qu'on me changerait de chambre. J'étais dans celle-là uniquement en attendant que les rénovations de mon bâtiment soient terminées. Mais je ne pouvais me résoudre à attendre les bras croisés dans un environnement austère. Alors je me suis appropriée ce lieu, somme toutes très confortable.


A mon arrivée



Une fois mes affaires déballées



Ce qui me faisait m'y sentir bien, surtout, c'était la salle de bain : neuve, toujours très propre, et très fonctionnelle. Je suis maniaque quand on en vient à l'hygiène, j'ai besoin d'une bonne salle de bain pour me sentir à l'aise quelque part... Et vous verrez par la suite que cela a toute son importance !



Mais dès le premier soir, j'ai eu un mauvais pressentiment : exit l'ambiance Erasmus où l'on frappe à la porte de notre voisin à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, exit les repas partagés et les soirées dans le couloir du dortoir. Ici, il n'y avait personne - l'année universitaire n'avait pas encore commencé - et les rares fantômes qui se baladaient dans les couloirs étaient polonais, une fermeture éclaire cousue à la bouche.



Heureusement, j'ai vite trouvé Lisa et Aida. Lisa, elle est française aussi ; on vient de la même fac. On s'est connues quelques mois avant de partir, quand on a appris qu'on ferait notre Erasmus au même endroit. On s'est surtout beaucoup aidées quand il a fallu se dépatouiller avec toutes les démarches administratives, qui n'en finissaient pas de pleuvoir sur nos têtes abasourdies. Alors, c'est tout naturellement qu'on s'est serré les coudes, en ces premiers jours difficiles.
Aida, elle et espagnole, catalogne même. C'était la voisine de chambre de Lisa. Elle est en Erasmus à la fac de pharmacie, jumelée avec la notre. On a commencé à se créer notre quotidien : petit-déjeuner ensemble, message pour s'accompagner faire les courses ou sorties à trois, ...


Mais, deux jours plus tard, on nous a annoncé que nos nouvelles chambres étaient prêtes. Du moins, celle d'Aida et la mienne ; on a donc laissé Lisa seule dans ce désert... Pour déménager dans un No Man's Land. Les travaux n'étaient en réalité pas terminés : les coups de marteaux dans la cage d'escalier, attenante à ma chambre, m'ont réveillée à sept heures du matin pendant quelques jours.
Il y avait tout de même quelqu'un à l'accueil - pourquoi, étant donné que personne n'occupait les chambres ? - plutôt réticent à nous laisser pénétrer dans le bâtiment. Mais on avait déménagé nos trois valises de 20 kg, sans ascenseur et sans aucune aide, on n'allait pas faire marche arrière ! On a donc slalomé entre les pots de peintures et de plâtre, nos valises à bout de bras, nos forces nous quittant peu à peu, mais avec l'espoir : celui de trouver une meilleure chambre, une meilleure vie, un nouveau départ, sur le bon pied cette fois. On a vite déchanté.
La chambre était dans la même condition, mais la salle de bain datait d'après guerre. Comment parler de salle de bain, d'ailleurs ? C'était un évier posé entre les deux chambres, des toilettes le long du couloir, puis une douche, totalement ouverte sur le couloir : pas de porte, pas même un rideau.

Notre "salle de bain - couloir", le jour où j'en suis partie


On espérait se consoler avec la cuisine. Dans le premier bâtiment, elle était sommaire : pas de poêle ni vraiment de couverts, c'était à nous de tout acheter. Pas de grande tablée conviviale, juste une minuscule table avec deux chaises, même pas suffisante pour nous trois. Et pas de réfrigérateur, à part un trouvé par hasard dans la buanderie. Dans le dortoir rénové, on espérait trouver ne serait-ce qu'une table où tenir à trois... Mais, vous allez rire, il n'y avait même pas une simple table. Et plus aucun couvert ni casserole. Rien. Il a fallu tout acheter. Et tout transporter, à chaque repas, de notre chambre à la cuisine, située à l'autre bout du couloir ; pour revenir manger seul dans sa chambre.
Alors, si vous aussi, vous habitez en résidence universitaire, vous allez me dire que "c'est le tarif". Mais non. J'en ai vues des résidences universitaires en France, et elles n'étaient pas toutes comme ça. Et j'en avais lus, des blogs d'Erasmus qui m'avaient fait rêver de mieux !


La cuisine



Bon gré mal gré, on s'est quand même recréée un nouveau quotidien, Aida et moi. La porte de notre chambre était toujours ouverte à l'autre. On ne la fermait que pour dormir, d'ailleurs. Le reste du temps, on le passait dans la chambre d'Aida. Il faisait gris dehors, on n'avait pas bien envie de sortir. Et puis, finalement, on était bien, dans notre cocon. La salle de bain - couloir que l'on devait partager à quatre, on ne la partageait qu'entre nous. On était même parvenues à se faire acheminer un nouveau réfrigérateur dans notre petit nid. On avait apprivoisé le bâtiment, qui n'était là que pour nous. On avait sympathisé avec le personnel de l'accueil, à qui l'on devait rendre notre clé chaque fois que l'on sortait du bâtiment. Bref, en deux jours, notre vie avait recommencé.
Oui, seulement deux jours. Cela vous semble peut-être plus long, de part mon récit... Et bien sachez que le temps m'a paru très long, à moi aussi. En une semaine, j'ai déménagé trois fois, mais dans ma mémoire, le temps semble s'être allongé. Les jours s'étiraient, les aiguilles progressaient au ralenti et semblaient ne jamais vouloir boucler ce tour de quadrant. Non, vraiment, la trotteuse ne trottait plus, elle traînait des pieds. Et moi avec.


Ma deuxième chambre







Et puis, tout s'est accéléré. Aida, du jour au lendemain, a décidé de changer de dortoir. Elle ne pouvait vivre ici. Moi non plus, pas sans elle en tout cas. Notre déménagement, on y avait déjà pensé, bien sur. Mais on n'avait pas encore concrétisé notre idée. On était d'abord allées voir un dortoir privé à l'autre bout de la ville, puis un beaucoup plus proche. Aida a choisi celui du bout de la ville, j'ai choisi celui d'à côté. C'est ainsi qu'après deux jours de collocation et d'émotions, nos chemins se sont séparés. Ils s'entrecroisent encore de temps en temps, mais rarement, beaucoup plus rarement que ce que l'on s'était promis. C'est que nos vies sont très différentes, maintenant...































Lire la suite (en cours d'écriture) :
Le confort en dépit de mes rêves, ai-je fait le bon choix ?



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4 réactions

  1. Seule ou presque dans des dortoirs sans âme, au coeur d'un pays inconnu... j'aurais eu le blues ! J'espère que l'ambiance est devenue plus gaie !

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    1. J'avais le blues, en effet. C'était tellement loin des dortoirs Erasmus dont j'avais entendu parler... Et pour cause, ce n'était pas un dortoir Erasmus.
      Dans le dortoir où je suis maintenant, c'est beaucoup plus chaleureux et il y a toujours du monde chez nous ! (On vit dans des apparts avec chambre privée) J'en parlerai plus en détails dans mon prochain article à ce sujet.
      Merci de ton passage en tout cas, tu as été super rapide !

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  2. Très vivant, on déprime presque avec toi :-(
    Hâte de lire la suite de tes (més-)aventures!

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    1. Merci pour ta lecture, ça me fait toujours très plaisir.
      La suite sera remplie de belles choses, dont une toute particulière, portant le nom de Liberty... ;)

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Julie La Blogtrotteuse©. Fourni par Blogger.