Panama #2 ~ Panama City, ma New-York à moi

Après la découverte de l’ archipel paradisiaque qu'est Guna Yala, le réveil est moins matinal. Aujourd'hui, nous allons consacrer ...

Après la découverte de l’archipel paradisiaque qu'est Guna Yala, le réveil est moins matinal. Aujourd'hui, nous allons consacrer la journée à la visite de Panama City, la capitale du pays. Du moins, nous allons essayer, la vie nous mettant bien quelques bâtons dans les roues.

Panama City, je suis venue (et revenue), j’ai vu... j’ai vaincu ?




Nous commençons par ce qui me tient le plus à cœur dans la liste que m’a dressée Delys : les ruines précolombiennes de Panama City. Nous sautons donc dans un Uber bien frais -traduire par : trop climatisé- qui s’élance dans les bouchons. L’attente me paraît interminable, pourtant, elle n’est pas à la hauteur de la déception à la clef : les grilles sont closes, le site est fermé au public le mardi et nous n'étions pas au courant. Mon visage se décompose, nous ne visiterons donc pas ce musée à ciel ouvert, ces vestiges d'un autre temps habités par la beauté naturelle de la verdure ayant traversé les âges. C'est le paysage typique que je chérie au plus au point en voyage ; c'est la première fois que je le rate, mais pas la dernière...


Panama Viejo

Pour vous donner encore plus envie de visiter le lieu, venez par ici

Sans même sortir de la voiture, nous reprenons notre place dans les bouchons, et sommes reparties pour une nouvelle heure au ralenti, direction la Cinta Costera. C’est le deuxième élément dans la liste de Delys qui me fait rêver depuis des mois : se promener sur le bord de mer avec vue sur la skyline panaméenne. J’ai un faible indéniable pour les buildings ultra modernes et diantre, je suis servie ici !

Arrivée sur la Cinta Costera


Quand le chauffeur nous dépose enfin et que je mets pied à terre, je suis aux anges. Malgré la pluie, malgré la moiteur. Ce n’est pas le cas de Delys, apprêtée pour un rendez-vous important auprès de son administration facultaire. Je lui donne mon parapluie et la laisse presser le pas devant, pendant que je profite de la beauté des lieux. 


Petit métier et modernité, par Delys ©

Prise dans mon élément, par Delys ©



Mais bien vite la météo a raison de la bonne volonté de mon amie, qui décide qu'il est temps de se diriger vers sa faculté. J’accepte avec l’assurance que nous reviendrons.


Jetant un dernier regard en arrière, rêvant déjà de revenir...

Hier soir, quand Delys me proposait de l’accompagner à l'université, tout semblait merveilleux ; j'allais être la star, l'européenne, l'attraction, tous ses amis allaient vouloir me poser des questions. Que nenni, je ne suis personne ici, à peine un élément de la tapisserie. La maman de Delys et moi nous asseyons sur un banc, patientant tant bien que mal le temps que mon acolyte règle ses affaires administratives. Il est midi, nous sommes à l'extérieur, il fait chaud et moite, un marteau piqueur en furie ne cesse d'attaquer nos tympans et Delys semble disparue à jamais. J’ai faim, j’ai chaud, je m’ennuie, ça ne devait pas se passer comme cela. Ça devait être fun et surtout, ça devait s'insérer dans dans une belle journée de visites fabuleuses -foutues attentes trop haut placées !


***


Trois heures plus tard, nous sommes devant les grilles de l'université, tentant d’attraper un taxi sur la voie rapide. Je ne comprends décidément rien aux mœurs ici, entre les taxis vides ne s’arrêtant pas et ceux refusant de nous conduire. Nous trouvons enfin notre carrosse et reprenons notre visite de la capitale. Je ne suis pourtant pas au bout de mes peines. Une fois aux portes de l’ancien quartier colonial, Delys, exténuée, s’assoit sur un banc et me demande d’attendre sa belle-sœur. Attendre encore… je ne tiens plus en place et je meurs de faim.

Heureusement, Cristina ne tarde pas à arriver et nous nous attablons directement. Je rêve de manger typique mais il est 16h et je dirais oui à tout, même une pizzeria très américanisée. Je commande une bière afin de me détendre puis nous sommes fin prêtes à visiter ! L’heure tardive donnant une atmosphère toute particulière à cette balade et le mercure commençant à diminuer, c’est apaisées que nous déambulons dans les rues de Casco Viejo. C'est le quartier historique de Panama City, la vielle ville comme on la nommerait en France. On l'appelle aussi Casco Antiguo, qui se traduit de la même façon, ou San Felipe. Elle naquit des cendres de Panama Viejo, enflammée par le gouverneur avant l'attaque du pirate Henry Morgan en 1671 -une histoire qui plairait à mon amie Alexandra !


A la croisée des chemins

Delvys, la maman de Delys, et Cristina, la belle-fille de Delvys

Agitation à la tombée de la nuit dans une rue...

... et calme apaisant dans une autre

Il y a des rires et des regards complices, des photos par dizaines. Je m’extasie devant tout, je suis aux anges. D’ici, les belvédères nous offrent une vue d’ensemble sur la skyline et je peux enfin réaliser ma photo rêvée : une pose longue d’une skyline devant la mer. Cela faisait des années que j’attendais ce moment, j'ai l'impression d'être à New-York mais en mieux, en plus exotique. Je suis comblée.


Moderne jusqu'au bout des doigts

Mon amie, Delys

Autoroute volante

Ma photo rêvée

C’est la dernière image que je capture de Panama City, pour le moment. Delys et sa maman me pressent : nous avons un bus de nuit à ne pas louper ce soir !


Un autre jour, un autre bonheur. Avec Dany, le frère de Delys, dans la région de Chiriqui

***


Il fait nuit et tout a changé. Je dégaine mon téléphone portable et commande un Uber. Il y a trois semaines, Delys l'aurait fait pour moi et je me serais laissée portée, mi-résignée, mi-frustrée. Je ne suis plus la même. Je rentre de trois semaines en solo au Costa Rica et la vie ne s'opère plus sous le même filtre, mes yeux ont changé.

J'arrive chez Delys tard dans la nuit mais tout le monde est encore réveillé : Delys, son frère et son cousins, venus passer le week-end dans la capitale afin de me revoir avant mon départ. Nous nous retrouvons avec un sourire jusqu'aux oreilles et nous racontons nos dernières semaines. Juan, le cousin de Delys, a organisé une grande fête pour son anniversaire. Il m'avait invitée mais je n'avais pu rester, d'autres vents m'appelaient alors ailleurs. Je sens encore toute la déception dans son regard et je suis touchée. Je suis touchée parce que tout le monde ici m'a tellement bien accueillie et intégrée. Demain, nous irons chez leur grand-mère.


Dany, Delys, Juan et leur grand-mère

Mais encore une fois, je place dans les mots de Delys des espoirs déchus. Je me souviens ses promesses, je me souviens tous ces lieux que nous devions encore visiter ensemble... Et à la place, je suis assise sur ce canapé à m'ennuyer ; tout comme Delys, sauf qu'elle a internet. Je n'ose pas demander le code de la wifi, par peur de paraître malpolie, alors je reste à regarder dans le vide et ronger mon frein. Je ne sais pas ce qu'a prévu Delys pour demain, mais je commence à prévoir ce que, moi, j'aimerais faire, et ferai. Je comprends bien que mon amie, qui reprend les cours très prochainement et rentre à peine d'une expatriation d'un an, a d'autres choses à prévoir que mes visites et je ne lui en veux pas. Mais je trouve cela tellement dommage de rester enfermée à ne rien découvrir, quand je suis dans un environnement si stimulant ! Je me le promets : demain, je me bouge.


***

Selfie - coucher de soleil, depuis le balcon de Delys

Le soir, comme pour se faire pardonner d'une faute qu'elle ne sait pas avoir commise, Delys m'emmène toucher la lune du bout des doigt, au milieu des étoiles de la Ciudad de Panama. Mes yeux pétillent, je passe une merveilleuse soirée. Tout est étincelles et paillettes, luxe décontracté, bonheur et amitié. 


Sur la terrasse du Sushi Shop, entourés de buildings étincelants

Le sushi shop se situe sur une des terrasses du Multiplaza Pacific. Il est grand et moderne, tout est brillance et luxe. Les enseignes rivalisent par leur prix et je me demande qui ici peut bien avoir les moyens de faire ce genre d'achat. Personne, m'explique Cristina. Personne ne vient ici en journée, c'est un centre commercial fantôme. Les magasins de luxe ne servent qu'à blanchir l'argent de la mafia panaméenne. Est-ce que vous avez l'impression d'être dans un film, quand je vous raconte cela ? Moi oui en tout cas, je suis amusée et à la fois estomaquée, y penser sérieusement me glace le dos. Un frisson parcourt mon échine et je lui demande : "Mais alors, pourquoi venons-nous manger ici ?" Parce que c'est bon et pas trop cher, et parce qu'on ferme les yeux. Comme partout, comme pour tout en fait. Alors moi aussi, j'accepte et je ferme les yeux. Je prends une grande inspiration et remets les pieds dans le monde de conte de fée qu'est cette soirée.


***

C'est mon dernier jour à Panama City, mon dernier jour en Amérique Centrale ; demain matin, je reprends l'avion pour rentrer en France. En me levant, une boule de nostalgie me serre le cœur un peu en avance et je décide de ne pas perdre une minute. Mon uber m'attend en bas, direction le Canal de Panama, celui dont je me moquais royalement il y a encore quelques mois, ignorantes que j'étais. Car c'était de l'ignorance, pure et dure. Je ne savais pas, j'étais loin d'imaginer.



Passage de la dernière écluse du Canal de Panama, aux Miraflores Locks 

J'étais loin d'imaginer tout ce que ce canal a apporté au Panama : l'argent et la prospérité, sa place dans le monde des grands, son occupation puis son indépendance. Rien, dans ce pays, n'aurait été pareil si un ingénieur français un peu fou n'avait pas décidé de tenter l'impossible. Les villes à l'américaine, leurs grosses voitures, leurs supermarchés démesurés et même leur monnaie. La fabuleuse mixité raciale, l'importation, l'exportation, la vie. La construction du canal a changé la vie de ce pays.


L'une des expositions permanentes du Visitor Center

La construction est débutée le 1er janvier 1882 par l'ingénieur français Ferdinand de Lesseps. Après la réussite du canal de Suez, il tente sa chance une seconde fois. Seulement ici, le sol n'est pas le même, les conditions de travail non plus. La ville de Panama et Colon, où logent les travailleurs, sont infestés par la fièvre jaune et la malaria, qui déciment rapidement la main d’œuvre venant du monde entier : Costariciens, Jamaïcains, Indiens,... S'ajoute à cela l'inadaptation des machines. Ce projet se transforme en gouffre financier et humain, coûtant beaucoup trop cher et n'avançant définitivement pas assez vite. Les français lâchent finalement les rennes en 1889.

Ce n'est qu'en 1903 que le gouvernement des États-Unis le reprend en main. Les nouvelles technologies sont huit fois plus efficaces que celles utilisées par les français et les conditions de vie sont grandement améliorées. On pave les rues de la ville, amène l'eau potable et commence la prévention des maladies transmises par les moustiques. La construction du canal peut alors s'achever, vingt-deux ans après son commencement.

Mais le pays n'est pas encore sorti d'affaires. Car le sauvetage a un prix, un prix qui s'appelle occupation. Sur les écluses du canal claque au vent le drapeau américain. La petite main d’œuvre n'est plus rien, le dur labeur des panaméens semble oublié. Il faudra attendre la fin des années 90 pour que le pays récupère ce qui lui est dû, pour qu'il se débarrasse de l'occupant et commence à prospérer. De cette période de colonisation restent de nombreuses traces : le dollar américain, encore utilisé dans tous le pays au même titre que le Balboa et sur lequel le cours de ce dernier se cale ; les grandes avenues, le quadrillage des rues, les pavés de béton, l'immensité des buildings, les grosses berlines importées et, surtout, le rêve. Le rêve américain se lit dans les yeux de chaque étudiant ici. Leur patriotisme démesuré se laisse écraser par les rêves d'argent et de réussite importés par des monstres aux poches d'or. Heureusement, la construction du Canal n'a pas apporté que cela, du positif en est ressorti. Du positif qui se lit chaque jour sur les silhouettes panaméennes et que me déclare fièrement mon amie Delys : Ici, personne ne se​ ressemble. Ce n'est pas comme pour les Colombiens ou les Costariciens, tu ne peux pas faire de généralités sur le physique panaméen, car nous sommes tous différents. Petits ou grands, blancs, noirs ou jaunes, européens, africains, asiatiques, indiens d'Amérique, nous sommes tous des fils de sang mêlé. Et nous sommes fiers de cette diversité.


Etendard panaméen

En sortant sur la terrasse du musée la tête bouillonnante d'informations, j'ai de la chance, j'arrive exactement au moment du passage d'un porte-container -le suivant étant prévu pour le milieu d'après-midi ! Je me poste sur le balcon, accompagnée des murmures et applaudissement des autres touristes. C'est impressionnant, on se sent tout petit face à ce décor de géant. Et ça y est, j'en mesure toute l'ampleur. Je sens que je peux, enfin, passer à autre chose. Je dégaine mon téléphone et hop, je suis en route vers de nouveaux horizons !


***


J'arrive très vite au Bio Museo, non loin des Miraflores Locks. Je tombe instantanément sous le charme de cette baraque atypique. C'est moderne et coloré, c'est parfait. Je pénètre en toute hâte. Je n'ai pourtant pas l'habitude de visiter beaucoup de musées quand je suis en voyage, mais n'ayant acheté aucun guide du Panama, j'ai soif de savoir et de découvertes historiques. Je suis servie ici : je découvre tout, absolument tout, sur la faune et la flore du Panama depuis la création de la terre. Je retrouve des notions de mes cours de géologie du collège, de biologie, d'histoire. Je lis tout, me concentrant sur chaque mot, scrutant chaque détail. Mon cerveau chauffe et surchauffe mais bon dieu, je suis aux anges. Allez-y ! Vraiment, les musées d'histoire naturelle sont fascinants, mais lui encore plus.


L'entrée haute en couleurs du musée

Le Bio Museo raconte l'histoire de la biodiversité formidable du Panama, explique comment ce pays en est arrivé à posséder une plus grande diversité d'espèces d'arbres par hectare que dans toute l'Amérique du Nord réunie : il y a eu le mouvement de la plaque de l'Amérique du Nord vers l'est, le rapprochant de la plaque Sud tout en donnant naissance à des chaînes volcaniques. Il y a eu la pluie et le vent érodant les montagnes, s'alliant à la sédimentation pour prolonger les côtes émergentes de ces deux plaques. Il y a eu l'union, enfin, des deux Amériques.

En conséquence, les Océans Atlantique et Pacifique se sont vus définitivement séparés, leur désunion causant l'évaporation du premier. Cette eau ainsi échappée est ensuite retombée en pluies fines sur l'Océan Pacifique, le rendant plus salé et plus froid. Pendant ce temps, l'Atlantique, plus chaud, a vu naître les coraux.

Les courants ainsi mis en place dans les océans ont provoqué l'assèchement de l'Afrique. Les arbres où vivaient nos quasi-ancêtres, les Australopithèques, sont devenus savanes et herbes. Leurs progénitures, qui jusqu'alors devaient naître assez forts physiquement pour tenir accrochés à leurs mères, les voient descendre des arbres, marcher et les porter. La taille du cerveau des Australopithèques diminue alors, les progénitures naissant dans un état sous-développé, où le cerveau possède encore un an à compter de leur mise au monde pour se développer correctement. Après ce temps, ils acquièrent la marche à leur tour. Et ainsi apparaît notre ancêtre, le premier membre du genre humain, l'Homo Rudolfensis -du moins, c'est ce qu'en pense Steven Stanley.

Pendant ce temps en Amériques, les faunes et les flores traversent le Panama pour migrer d'un continent à l'autre. On observe ainsi sur les terres panaméennes des mélanges et des disparitions d'espèces. Les animaux en provenance du Nord, par exemple, nous sont les plus familières -le cheval, le mastodonte- tandis que les espèces du Sud, à la taille démesurée, n'ont pas réussi à traverser les âges jusque notre ère... 



Encerclée par les animaux pré-historiques






Je peine à quitter ce lieu, comme toujours plus attirée par l'aura de ce bâtiment emblématique. Haut en couleurs, comme le Panama, comme sa population, comme sa faune et comme sa flore, comme ses paysages et les moments qu'il m'a permis de vivre. Je ressens cet après-midi toute la nostalgie de la fin du voyage et me décide finalement à presser le pas sans me retourner. Les plus belles choses sont toujours au devant de nous.

Un bref coup d’œil au plan de la ville hier m'a permis de dessiner mon itinéraire : tout droit, à pieds, du Bio Museo à la Casco Antoguo. Une route semble présente sur la carte, mais un trottoir ? Ils se font souvent rares à Panama City, ville champignon ayant poussé beaucoup trop vite et anarchiquement, bien loin de l'évolution progressive et quasi-ordonnée de nos villes européennes. Ici, marcher ne fait pas partie des habitudes quotidiennes ; il fait trop chaud, les distances sont trop grandes et l'expérience est trop risquée. Je tiens tout de même à essayer.


Le début de la promenade, en partant des jardins du Bio Museo

Je découvre avec plaisir une promenade fleurie, paisible quoiqu’animée, témoin d'une vie authentique. Je range mon appareil photo et me glisse dans les baskets d'une locale avec délectation. On est dimanche, les familles se réunissent autour d'un moment bucolique, les amis se retrouvent, les couples se découvrent. Les écouteurs vissés aux oreilles mais les yeux grands ouverts, je me nourris de ce bonheur idyllique.


Dernière photo prise depuis la promenade, puis je range mon appareil photo. 

Toute bonne chose ayant un fin, je bifurque sur un mince trottoir qui longe la voie rapide. Jusqu'ici plutôt rassurée, mon cœur commence à s'emballer. Je ne sais quoi choisir, entre arrêter ma musique pour être aux aguets ou monter le son pour ne pas devenir paranoïaque. Je suis la seule femme sur ce trottoir et je commence à me sentir vulnérable. Je connais au final si peu les mœurs de ce pays, je ne sais que faire dans ce genre de situation. Mais plus je m'avance, moins je me vois faire le chemin en marche arrière. J'active la localisation GPS sur mon téléphone afin de suivre mon avancée régulièrement. Chaque nouvel homme croisé me paraît plus louche que le précédent. Les dalles de béton laissent maintenant place à un simple chemin de terre de l'autre côté de la rambarde de sécurité. Je regrette à présent pleinement ma décision, mon audace, et presse le pas. J'essaie de ne pas paraître effrayée pourtant, chaque parcelle de mon corps se crispe petit à petit. Je me retourne parfois furtivement pour jeter un œil par dessus mon épaule et me souviens cette affirmation des voyageuses solo : "Pour être en sécurité, il suffit de suivre son instinct". Mon instinct me voudrait à ce moment-là le plus loin possible du sol sur lequel j'évolue. Il n'y a maintenant même plus aucun chemin. Je suis bloquée entre les voies rapides et continue de presser le pas. Je suis bien heureuse de ne pas avoir sorti mon appareil photo sur la promenade ; personne ne sait ce que contient mon sac à dos, personne n'a pu me suivre pour me le dérober.

J'entends finalement d'autres notes de musique que celles crachées par mes écouteurs bon marché et retrouve avec bonheur la civilisation. Je passe devant le stade puis les jeux pour enfants et reconnais enfin la Cinta Costera. Je suis sauvée. Il me reste encore de long kilomètres à parcourir jusqu'à la vielle ville mais qu'importe, je suis en vie !


La Cinta Costera, salvatrice

***


La nuit tombe petit à petit je sais que Delys m'attend à l'appartement. Mais avant de partir, je tiens à réaliser un dernier cliché. J'accélère donc le pas, à la recherche du spot parfait. Mes batteries d'appareil photo sont quasiment vides, une pluie d'abord fine finit par s'abattre violemment sur nos corps secoués par le vent. Je me pose et utilise le restant d'énergie à ma disposition pour réaliser cette photo. Ça y est, ma journée de visite peut se terminer. J'ai ce que je suis venue chercher, je suis comblée.


Dernière prise de vue de Panama City

A l'appartement, Delys m'attend avec impatience. On s'assoit sur le canapé, on se raconte nos journées respectives. L'air rafraîchit par les courants-d'air s'engouffre dans le salon et mon regard se pose au delà du balcon. Cette vue va me manquer, mon amie, son pays, sa langue, ce voyage vont me manquer. Alors, pour fixer ce moment dans nos mémoires et me permettre d'emporter encore un peu plus de sa culture dans mon cœur, Delys m'apprend à cuisiner mon met préféré : des patacoñes. On rigole et on échange, on se retrouve. Je nous revois en Pologne, en Lituanie, en France ou en Suède. Je nous redécouvre et je suis pleine de joie.


***


Le lendemain, Delys me prend dans ses bras et charge mon sac de bananes plantains et de bananes séchées. Les premières pour me ramener chez elle depuis mon appartement français, les deuxièmes pour ne pas mourir de faim à l'aéroport. L'attention de mon amie me touche et je la quitte le cœur serré. Voilà, c'est fini.



Delys & moi



Infos utiles :


                      Les musées : 

 Miraflores Locks / Visitor Center (Canal du Panama) : 

Horaires d'ouverture : Tous les jours 09:00 - 16:30
Prix : Adulte 15$ (10$ pour les Panaméens) Enfant 10$ (2$) Pas de prix étudiant pour les non résidents (2$ pour les Panaméens)
Site internet : http://www.pancanal.com/eng/

 Bio Museo : 
Horaires d'ouverture : Mardi - Vendredi 10:00 - 16:00     Samedi et Dimanche 10:00-17:00
Prix : Adulte 18$ (10$ pour les Panaméens) Étudiant et enfant 11$ (6$)
Site internet : http://www.biomuseopanama.org/en/

 Panamá Viejo : 
Horaires d'ouverture : Mardi - Dimanche 08:30 - 16:30
Prix : Adulte 12$ Étudiant 5$
Site internet : http://www.patronatopanamaviejo.org/ppv2014/en/home?view=featured



                      Les promenades : 

Vous trouverez sur la carte les lieux où j'ai aimé me balader / où j'aurais aimé me balader si j'étais restée plus longtemps : la Cinta Costera, la promenade partant des Jardins du Bio Museo, le parc avec vue sur toute la ville, ...




                      Se déplacer : 

Méfiez-vous des taxis. C'est le conseil que m'ont donné mes amis panaméens. Il y a des histoires de taxis officiels passant des deals avec la mafia, volant vos affaires une fois que vous êtes à bord. Il y a aussi des histoires de nombreux taxis refusant de vous emmener à la destination souhaitée ou fixant le prix à la tête du client ; c'est comme cela que ça marche pour les locaux aussi. Mon amie Delys me racontait qu'elle était fatiguée de devoir faire ami-ami avec les chauffeurs pour ne pas se voir demander un prix exorbitant. Bref, préférez le Uber : beaucoup plus sur et plus réglo.

Si vous choisissez de marcher, assurez-vous que votre itinéraire est praticable à pieds, qu'il y a bien des trottoirs et que vous ne passerez pas par des complexes d'immeubles privés ; ils sont nombreux à Panama City.

Enfin, éclatez-vous !
Cette ville magnifique m'a laissé mille étincelles au creux des yeux et de la chaleur au cœur pour des années. J'espère qu'elle vous gâtera autant.

Vous y êtes déjà allé ? Qu'en avez-vous pensé ?

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4 réactions

  1. Wah, quel article ! Tant de choses, d'émotions et d'histoires passionnantes, entre pirates (merci pour le clin d'oeil), la fascinante histoire du Canal (j'ai adoré apprendre tout ça, je ne savais pas quel rôle immense il avait joué dans le métissage, dans l'histoire du pays tout court, ça m'a passionnée), le musée d'histoire naturelle... et aussi le côté obscur, le resto qui sert à blanchir l'argent de la mafia, l'ambiguité. J'aime le fait que malgré tout, ton amitié avec Delys se ressoude à la fin du séjour, que cela s'achève sur une note heureuse et tendre, que tout finisse bien. Et surtout... j'adore tes photos ! tu as le don de capturer les villes, de saisir leur atmosphère, et plusieurs photos m'ont vraiment séduite et poussée à m'attarder. Et j'attendais cet article, je voulais découvrir Panama CIty avec toi, et je n'ai pas été déçue ! Bravo !

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    1. Comme à mon habitude, je réponds très tard à ton commentaire, si gentil. Mais comme à mon habitude, je l'ai relu une bonne dizaine de fois avant de trouver les mots pour te répondre...
      Je suis vraiment contente que cet article t'ait plu, il m'a pris du temps, c'était un peu un coup de poker, quitte ou double. Heureuse de voir que tu as été intéressée par les informations que je dévoile et les photos que je montre, et touchée, encore une fois, par tous tes gentils compliments. Encore merci !

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  2. Je reviens ici guetter la suite :-))

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    1. Trop mignonne ! Je vais essayer d'être plus efficace avant mon départ en Inde ! (:

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